Initiations : prévenir en informant les entraîneurs sportifs
Avertissement : les passages qui suivent pourraient troubler certains lecteurs.
Les initiations peuvent avoir de graves conséquences. (Photo d'archives)
Photo : getty images/istockphoto / Vejaa
L'Association des entraîneurs de l'Ontario (CAO) tente de s’attaquer aux conséquences des initiations dans le sport en lançant son nouveau guide de prévention du bizutage à l'intention des entraîneurs sportifs.
L’idée que ça soude une équipe, que ça forge le respect ou la discipline, ce sont des mythes
, estime Eric McLoughlin, un ancien nageur de compétition et entraîneur qui était l’invité de Metro Morning, la matinale de la radio de CBC. Il a participé à la rédaction du guide.
En 2023, un juge ontarien a établi que des membres de Hockey Canada ont été rasés, dénudés, drogués, intoxiqués, physiquement et sexuellement agressés, violés
.
Ces pratiques sont aussi répandues dans les universités. En 2023, des étudiants de Sherbrooke ont mangé du vomi ou été aspergés d’urine de jument, a établi une enquête de Radio-Canada.
Au-delà de ces cas extrêmes, le guide vise à permettre de gérer les situations plus floues. Il établit que la pratique est inutile et donne quelques clés aux entraîneurs pour intervenir.
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Il s’agit aussi d’une réponse à un rapport de 2023 de la CAO dans lequel 33 % des entraîneurs se disaient conscients qu’il y a du bizutage dans leur organisation et, parmi eux, 82 % répondaient qu’il s’agit d’une chose acceptable pour la cohésion d’équipe.
Une pratique inutile
Même des chants peuvent être considérés comme du bizutage lorsqu’ils sont imposés par des joueurs plus vieux par exemple
, décrit pour sa part Mercedes Watson, directrice de la CAO.
Si des activités ont un impact physique, c’est évident, c'est comme une blessure. Si cela atteint la confiance en soi d'un individu, c’est moins évident.
Le Dr Jay Johnson a consacré plus de 25 ans à l'étude du bizutage pour l'Université du Manitoba.
J'ai vu de mes propres yeux les effets néfastes qu'il continue de produire sur les athlètes et les équipes de tous âges
, indique-t-il dans le communiqué de l’Association.
Une étude qu’il avait menée en 2018 conclut que près de 100 % des athlètes au secondaire s’attendaient à être soumis à du bizutage.
Pour Eric McLoughlin, la pratique est contre-productive.
Selon mon expérience, [le bizutage] a commencé à éroder la confiance et la construction d’une relation.
Un rôle majeur pour les entraîneurs
La CAO insiste sur l’importance qu’ont les entraîneurs pour protéger les plus jeunes. Quand vous êtes enfant, vous allez plutôt rester silencieux et vous ne voulez pas aller à contre-courant
, estime Eric McLoughlin.
Le bizutage est quelque chose que beaucoup d'entraîneurs essaient d'éviter de traiter et il est courant d'entendre que c'est un rite de passage
, indique dans le communiqué de l’Association Stephanie Sutton, une entraîneuse de jeunes sportifs depuis plus de 30 ans.
Ces activités sont humiliantes, dégradantes et abusives, ce qui est vraiment l'opposé de ce à quoi le sport et l'activité physique servent.
Elle insiste sur l’importance de créer de nouvelles traditions, plus positives. Le guide repose sur trois piliers : reconnaître, prévenir et agir.
Les ressources proposent une liste de contrôle qui est d’une grande aide
, précise Mercedes Watson.
Le guide encourage notamment la mise en place d’une politique anti-bizutage au sein des équipes sportives ainsi que l’établissement d’une procédure simple pour signaler les plaintes.
