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L’identité de genre soulève des débats, qu’en est-il dans les communautés culturelles?

Des personnes hissent le drapeau de la communauté LGBTQ+ dans un espace communautaire en Alberta.

Le but de l'étude est notamment de faire entendre des voix de membres de communautés qu'on entend peu lorsqu’il s’agit d'aborder l'identité de genre au-delà du cadre binaire.

Photo : Radio-Canada / Camille Pauvarel

Aborder la réalité des personnes immigrées non binaires, c’est le projet de recherche d’une étudiante en psychologie à l’Université de Calgary. Le but est de faire entendre des voix de membres de ces communautés, alors que, dans une plus large perspective, l'identité de genre fait récemment l'objet d'un débat de société.

C’est en mai 2023 qu'Emilie Lui a entamé sa recherche. En faisant une revue de littérature, elle dit s'être vite aperçue qu’il n’existe pas de travaux sur les expériences de personnes non binaires et plus spécifiquement sur le vécu de jeunes personnes immigrées en matière d’identité de genre.

Emilie Lui espère que son travail de recherche permettra d’acquérir de nouvelles connaissances sur le sujet et, ainsi, contribuera à combler un tant soit peu les lacunes qu'elle dit avoir constatées dans l’état actuel de la recherche.

Je pense qu'il est important d’avoir des conversations sur le fait que certaines personnes ont des expériences qui ne reflètent pas nécessairement ce que l'on trouve actuellement dans [les travaux de] recherche.

Une citation de Emilie Lui, étudiante-chercheuse en psychologie

Après avoir finalisé sa revue de littérature, elle a entrepris de faire des entrevues avec des personnes immigrées non binaires.

Une jeune femme debout dans la cour de l'Université de Calgary, mai 2024.

Emilie Lui dit s'être vite aperçue, en faisant une revue de littérature, qu’il n’existe pas vraiment de recherches antérieures sur l'expérience des jeunes personnes immigrées en matière d’identité de genre.

Photo : Fournie par Paul Stortz

C'est grâce au Program for Undergraduate Research Experience (PURE), de l'Université de Calgary, qu'Emilie Lui peut réaliser son étude. Ce projet accorde aux étudiants non diplômés jusqu'à 7500 dollars pour mener une recherche estivale sous la direction d'un mentor.

L'étudiante-chercheuse dit avoir déjà noté qu’une grande partie des expériences des immigrants en ce qui concerne le genre vient du fait qu'il y a beaucoup de normes et de scénarios sociaux issus de nombreuses cultures différentes.

Ainsi, le fait d'immigrer au Canada et d'avoir ce mélange de cultures différentes influence la façon dont vous décidez de vous projeter dans le monde et ce que vous ressentez à l'intérieur, explique-t-elle.

De plus, d'après elle, un grand nombre de personnes immigrées semblent avoir des rôles plus traditionnels et très stricts en matière d'égalité des sexes. Ainsi, en arrivant au Canada, certaines d’entre elles se trouvent tiraillées entre l'idée que se fait la société d'origine au sujet des rôles des hommes et des femmes et l’idée que se fait la société d’accueil au sujet de l'interaction entre citoyens de différentes identités de genre.

Une étudiante se tient à côté d'un professeur à l'Université de Calgary (avril 2024).

Le travail de l'étudiante-chercheuse Emilie Lui (à gauche) est supervisé par le professeur Paul Stortz (à droite).

Photo : Elyse Bouvier pour l'Université de Calgary

Double marginalisation

À cela s’ajoute l’expérience de la double marginalisation à laquelle nombre d’immigrés non binaires peuvent être confrontés au Canada : être rejetés par leur propre communauté en raison de leur identité de genre et être victimes de racisme.

Les minorités ethniques sont souvent traitées différemment au sein de la communauté LGBTQ+, selon Emilie Lui. Cela fait que leurs membres deviennent doublement minoritaires et marginalisés.

Paul Stortz, professeur agrégé au département de la communication, des médias et du cinéma à l’Université de Calgary, est le directeur de recherche d'Emilie Lui.

D’après lui, l’originalité de ce sujet réside dans le fait qu’il s’intéresse spécifiquement aux expériences vécues par des jeunes immigrants issus de la diversité, qui constituent un groupe démographique très important et très dynamique de la société canadienne [mais] que nous connaissons très peu.

La question fondamentale est la suivante : comment les immigrants font-ils leur vie dans un environnement totalement différent de celui d'où ils viennent et comment le paysage politique, social, culturel et intellectuel canadien affecte-t-il leurs expériences personnelles?

Une citation de Paul Stortz, professeur superviseur du projet
Un homme portant des lunettes est debout, le regard fixe dans l'objectif d'un appareil photo.

Paul Stortz souligne l’originalité de cette recherche qui s’intéresse spécifiquement aux expériences vécues par des jeunes immigrants issus de la diversité, qui constituent « un groupe démographique très important et très dynamique de la société canadienne [mais] que nous connaissons très peu ».

Photo : Fournie par Paul Stortz

L'importance des espaces sécuritaires

D’après le professeur Stortz, cette question est d’autant plus primordiale que lorsqu’on évoque le multiculturalisme au Canada, on se limite très souvent à la forêt, sans s’intéresser aux arbres qui constituent cette forêt.

Parmi les conséquences de cette situation, il y a le fait que, comme les autres Canadiens non binaires, ceux issus de l’immigration nécessitent d’avoir des espaces et des ressources communautaires pour leur permettre de se connecter les uns avec les autres, comme le souligne Emilie Lui.

En raison de leurs multiples identités croisées, ces personnes [immigrées] semblent avoir moins d'espace pour se sentir à leur place. C'est pourquoi avoir des espaces spécifiques [pour elles] est si important.

Une citation de Emilie Lui
Deux personnes hissent le drapeau LGBTQ+ dans un lieu communautaire à Edmonton.

L'étudiante-chercheuse souligne que, comme les autres Canadiens non binaires, ceux issus de l’immigration nécessitent des espaces et des ressources communautaires pour leur permettre de se connecter les uns avec les autres.

Photo : Radio-Canada / Camille Pauvarel

Emilie Lui a déjà soumis les résultats provisoires de son étude à son université. Elle compte poursuivre la recherche sur le même sujet dans le cadre de ses études en psychologie.

L'étudiante-chercheuse indique par ailleurs qu’elle prévoit de partager certains résultats de sa recherche avec les communautés d'immigrants et des organisations communautaires, dans le but de sensibiliser aux besoins de la communauté et d'aider à l'amélioration continue des programmes de soutien et des ressources existants.

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