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Ces résidents veulent investir dans leur quartier pour maintenir son abordabilité

Un organisme du quartier du marché Kensington fait une levée de fonds pour offrir aux résidents des logements abordables.

Dominique Russell

Dominique Russell, la coprésidente du conseil administratif de la fiducie foncière communautaire de Kensington Market, veut préserver l'abordabilité et l'aspect communautaire du quartier.

Photo : Radio-Canada / Sarah Tomlinson

Dominique Russell vit dans le quartier du marché Kensington depuis une trentaine d'années. Chaque fois qu'elle se faufile dans les petites ruelles en compagnie de résidents et de touristes, elle constate à quel point son quartier est vivant.

J'adore cet endroit, dit-elle. J'aime surtout le fait que je connais tellement de monde, que mes enfants ont grandi dans un endroit où je peux les envoyer acheter quelque chose et je sais que s'il se passe quelque chose, il y aura un voisin qui va voir et qui va intervenir.

C'est vraiment un privilège de vivre dans le marché Kensington et je pense que je ne suis pas la seule à le penser.

Une citation de Dominique Russell, résidente du quartier du marché Kensington

Toutefois, Mme Russell remarque que de plus en plus de résidents de son entourage quittent le quartier et déménagent en raison d'une augmentation du coût des loyers.

Il y a des commerçants qui sont là depuis 30 ans qui ont vu leur loyer doubler et ils ont décidé de prendre leur retraite et de déménager. Ils seraient restés, mais à un moment donné, c'est plus possible, constate-t-elle.

Crise du logement à Toronto

Consulter le dossier complet

Un grand immeuble à appartement vue des airs, avec le centre-ville de Toronto à l'arrière.

C'est pourquoi la Kensington Market Community Land Trust [fiducie foncière communautaire du marché Kensington, traduction libre] a lancé cette semaine une campagne d'obligations communautaires qui permet aux résidents, aux commerçants et même aux gens de l'extérieur d'investir dans le quartier pour préserver son abordabilité.

Mme Russell est la coprésidente du conseil d'administration de cette fiducie foncière qui veut récolter deux millions de dollars pour acheter son deuxième bâtiment. On désire y offrir des logements locatifs résidentiels et des locaux commerciaux à des loyers inférieurs aux prix du marché.

Des résidents soulagés

Caroline Martin est barbière depuis trois ans au salon Supreme Clientele Barbershop dans le quartier. Quand elle a su qu'il y avait des gens du quartier qui voulaient préserver l'abordabilité des loyers, elle s'est sentie soulagée.

Caroline Martin pose pour la photo.

Caroline Martin, une barbière au salon Supreme Clientele Barbershop à Kensington Market, qualifie le quartier dans lequel elle travaille de creuset de culture.

Photo : Radio-Canada / Sarah Tomlinson

On a vraiment besoin des gens qui nous aident pour maintenir la vibe qu'on a ici dans Kensington Market, dit-elle.

On est très excités d'avoir des gens qui nous soutiennent dans la communauté comme ça.

Une citation de Caroline Martin, barbière au salon Supreme Clientele Barbershop

Elle se dit ouverte à l'idée d'investir et croit que d'autres membres de la communauté pourraient faire de même.

Comment fonctionnent les obligations communautaires?

Les fiducies foncières communautaires sont des organismes à but non lucratif créés pour acheter des terrains afin de maintenir une abordabilité et un usage communautaire.

Pour se financer, ces organismes dépendent « surtout des investissements des gouvernements municipaux, fédéraux et provinciaux », selon Mme Russell. Celle-ci afirme que la fiducie du quartier du marché Kensington est une des premières à émettre des obligations communautaires pour ajouter à son financement.

Selon la SCHL (Nouvelle fenêtre), les obligations communautaires sont des titres de créance aux caractéristiques semblables à celles d’autres types d’obligations. Elles ont une valeur nominale, un terme fixe et permettent de toucher des intérêts. Seuls les organismes sans but lucratif peuvent en émettre, sans intermédiaire.

Dans le cas de la fiducie foncière du marché Kensington, ses investisseurs peuvent choisir d'investir 500 $, 5000 $ ou 25 000 $ à des taux d'intérêt échelonnés de 2,5 %, 3,5 % et 4,5 % respectivement.

Au lieu de payer ces intérêts-là à la banque, on va les payer à nos investisseurs qui s'intéressent à l'avenir du marché Kensington, explique Mme Russell.

La fiducie foncière de Kensington possède déjà un bâtiment qui offre 12 logements locatifs résidentiels et 5 locaux commerciaux à des loyers inférieurs aux prix du marché.

On aimerait acheter un nouveau bâtiment, a affirmé Kevin Barrett, l'autre coprésident de la fiducie, dans une entrevue à l'émission matinale de la radio de CBC, Metro Morning. Ces obligations communautaires nous garantiront une somme d'argent pour notre prochain achat. Mais il faut agir maintenant dans le marché actuel qui évolue si rapidement.

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Les obligations communautaires sont-elles efficaces?

Selon le Réseau canadien des fiducies foncières communautaires (Nouvelle fenêtre), il y a 41 organismes de ce genre au Canada qui regroupent 10 000 logements.

Le réseau s'attend aussi à ce que le nombre total de locaux et d'appartements qu'ils détiennent augmente d'au moins 24 % d'ici la fin de 2024.

Jason Spicer est professeur adjoint à la Marxe School of Public and International Affairs du Baruch College du City University of New York (CUNY) et ancien professeur adjoint à l'Université de Toronto. Il a aussi collaboré avec le Réseau canadien des fiducies foncières communautaires pour faire le recensement de ce genre d'organisme partout au pays l'année dernière.

Selon lui, les obligations communautaires sont une bonne façon de responsabiliser les communautés quant à leur besoin de logement.

Cette idée que les citoyens eux-mêmes peuvent reprendre le contrôle de leur logement est une idée progressiste qui plaît aux gens de la gauche, mais qui pourrait aussi intéresser les conservateurs, parce que les logements sont gérés par et pour l'individu, et non pas par des propriétaires ou des gouvernements, croit M. Spicer.

Un piéton traverse le marché de Kensington à Toronto le 5 juin 2023.

Jason Spicer note que des fiducies foncières communautaires ne peuvent pas exclusivement dépendre financièrement des obligations communautaires. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Il faut que les fiducies foncières communautaires cherchent du financement à l'extérieur de la communauté, soit du secteur privé ou des gouvernements.

Une citation de Jason Spicer, professeur adjoint à la Marxe School of Public and International Affairs du Baruch College de CUNY

Susannah Bunce, professeure agrégée au département de géographie humaine de l'Université de Toronto, fait de la recherche sur les fiducies foncières communautaires au Canada depuis plus de 10 ans.

Selon elle, les obligations communautaires ont des avantages, mais aussi certaines limites.

Leur plus gros désavantage, c'est le fait de privilégier les quartiers plus riches qui sont capables de générer le capital requis pour acquérir et détenir des terrains plus facilement. Elles doivent être utilisées en conjonction avec d'autres formes d'investissements.

Une citation de Susannah Bunce, professeure agrégée au département de géographie humaine de l'Université de Toronto

Mme Russell est consciente de l’importance des sources de financement externes.

La coprésidente du conseil d'administration de la fiducie foncière communautaire du marché Kensington demeure toutefois convaincue que les gens du quartier voudront investir eux-mêmes pour protéger la vitalité de leur quartier.

Les gens vont investir parce qu'ils aiment le quartier et ils veulent le garder, dit-elle.

Correction

La version originale de ce texte suggérait que les fiducies foncières communautaires ne créent pas de nouveaux logements, or, certains le font. De plus, on y affirmait que celles-ci peuvent dépendre des obligations communautaires, cependant elles utilisent surtout du financement gouvernemental.

Nous avons modifié le texte original pour en faire foi.

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