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Fredericton recule sur le projet de loi de désintoxication forcée

Une personne prépare sa dose de crack.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick devait initialement présenter son projet de loi lors de la prochaine session parlementaire. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / mladenbalinovac

Devant l’opposition des psychiatres, des travailleurs sociaux et des criminalistes, le gouvernement Higgs ralentit quant au projet de loi qui vise à forcer certains toxicomanes à se faire soigner.

Ce projet de loi sur l’intervention humanitaire ne sera finalement pas déposé ce printemps à l’Assemblée législative. La ministre responsable des Services de santé mentale et de traitement des dépendances, Sherry Wilson, l’a annoncé vendredi dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux du gouvernement.

Nous sommes absolument déterminés à déposer ce projet de loi, mais lors de discussions et de consultations, il est devenu clair que nous avions besoin de plus de temps pour nous assurer de faire les choses correctement, dit-elle.

Le gouvernement dit vouloir prendre le temps de bien faire les choses.

Le ministre de la Sécurité publique, Kris Austin, avait évoqué cette mesure pour la première fois en septembre dernier.

Il avait alors expliqué que dans les cas les plus extrêmes, le texte de loi permettrait d’ordonner à des personnes dépendantes des drogues de suivre un traitement contre leur gré quand elles représentent un danger pour elles-mêmes ou pour autrui.

Surcharge d'un système déjà en difficulté, selon les psychiatres

Jeudi, l’Association des psychiatres du Nouveau-Brunswick a diffusé une lettre ouverte dans laquelle elle fait part de sa préoccupation quant à ce projet de loi.

Selon cette association, de nombreuses recherches suggèrent que la voie que vous envisagez de suivre ne résoudra pas ces problèmes complexes.

Le Dr Benoit Bergeron sur un plateau de Radio-Canada.

Fin avril, le Dr Benoit Bergeron, psychiatre au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, a fait part de ses inquiétudes concernant le projet de loi du gouvernement.

Photo : Radio-Canada

Les psychiatres insistent sur le fait que les désintoxications forcées ne réduisent pas la consommation de drogue et, au contraire, représentent un risque accru de surdose parfois mortelle à la suite d'un traitement forcé.

Ils ajoutent que la stratégie privilégiée par le gouvernement n’est pas compatible avec une pratique médicale éthique. Ils soulignent l’absence de consultation du gouvernement ainsi que le manque cruel de ressources.

Imposer un traitement institutionnel surchargera davantage les ressources déjà rares et rendra les services encore moins accessibles à ceux dans le besoin.

Une citation de Extrait de la lettre de l’Association des psychiatres du Nouveau-Brunswick

Problèmes éthiques, selon les travailleurs sociaux

Ils ne sont pas les seuls à avoir fait part de leurs réticences au sujet de ce projet. Des travailleurs sociaux ont eux aussi exprimé leur désaccord. Selon eux, forcer des toxicomanes à se faire soigner soulèverait de sérieux problèmes éthiques.

Lise Savoie, directrice de l’école de travail social de l’Université de Moncton, disait fin mars que cela s'apparente à une forme de contrôle social. On veut contrôler des personnes qui nous dérangent, disait-elle. Elle soulignait qu’une intervention forcée est inefficace.

Plusieurs criminologues ont également émis des réserves. Si on le savait que ça marchait le moindrement, on l'aurait fait et le problème ne serait pas ce qu'il est aujourd’hui, avait dit un professeur de criminologie à l’Université de St. Thomas à la fin de mai dernier.

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