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Guerre Israël-Hamas : la diplomatie québécoise à l’œuvre

Un homme transportant une valise et des sacs croise une voiture sur laquelle une petite montagne d'effets personnels a été attachée.

Les Palestiniens fuient Rafah, craignant une offensive imminente de l'armée israélienne.

Photo : Getty Images

Nouvellement entré en poste, le chef de poste du Bureau du Québec à Tel-Aviv (BQTA), Alik Hakobyan, a profité de sa première mission en sol israélien pour demander au gouvernement Nétanyahou que « l’aide humanitaire [soit] acheminée sans entrave à Gaza afin de répondre aux besoins des civils innocents ».

La rencontre s’est déroulée le 21 mars, selon un courriel transmis par le diplomate à ses supérieurs, et dont une copie à moitié caviardée a été transmise par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) à Radio-Canada en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics.

Dans le résumé de sa première rencontre avec une demi-douzaine de représentants du ministère israélien des Affaires étrangères, à Jérusalem, M. Hakobyan explique qu’il a présenté le positionnement officiel du Québec par rapport à la guerre Israël-Hamas exprimé par la motion adoptée à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.

J’ai indiqué qu’après le 7 octobre, le gouvernement du Québec a condamné maintes fois les attaques terroristes du Hamas et a soutenu le droit d’Israël à se défendre conformément au droit international, écrit-il, ajoutant avoir indiqué que le Québec demande que tous les otages soient libérés sans condition et que le Hamas [rende] les armes.

Mais M. Hakobyan a aussi fait savoir à ses homologues israéliens que le gouvernement du Québec était profondément inquiété [sic] par la situation humanitaire à Gaza. Nous demandons que l’aide y soit acheminée sans entrave afin de répondre aux besoins des civils innocents, écrit-il dans son compte rendu, dont la suite a été caviardée par le MRIF.

Proche-Orient, l’éternel conflit

Consulter le dossier complet

Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Ambassadeur canadien retraité et professionnel en résidence à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, Ferry de Kerckhove juge que le diplomate a fait preuve d’audace en abordant une question sensible lors de sa première rencontre officielle avec le gouvernement israélien.

Je crois que, comme entrée en matière, c'est prendre un certain risque, parce qu’il pouvait évidemment se faire rabrouer en disant : "Écoutez, mêlez-vous de vos affaires, ce n’est pas votre business".

Une citation de Ferry de Kerckhove, ambassadeur canadien à la retraite

D’un autre côté, nuance l’ancien ambassadeur, l’humanitaire est quand même une des forces du Québec.

Et même si le BQTA n’est pas une ambassade, il n’était pas illégitime pour M. Hakobyan d’aborder le sujet, selon M. de Kerckhove, dans la mesure où le statut des représentations du Québec à l’étranger est quelque chose de normalisé et que, lorsqu’il est question d’aide humanitaire, la frontière fédérale-provinciale est beaucoup plus souple qu’elle ne le serait sur une question de politique intérieure, par exemple.

En outre, il n’était pas tout à fait incorrect de demander au gouvernement Nétanyahou de laisser passer l’aide à Gaza, estime l’ex-ambassadeur, dans la mesure où la motion adoptée le 30 janvier par l’Assemblée nationale le réclame textuellement. D’ailleurs, je ne pense pas que les Israéliens aient réagi de façon négative, constate-t-il.

Le BQTA dans la mire des manifestants propalestiniens

Ouvert l’automne dernier dans les locaux de l’ambassade du Canada en Israël, le BQTA est loin de faire l’unanimité au Québec.

À l’Assemblée nationale, par exemple, Québec solidaire (QS) réclame sa fermeture. La députée Ruba Ghazal a déposé une pétition à ce sujet, en février. Le Parti québécois (PQ), de son côté, plaide pour un gel, le temps que la situation se calme sur le terrain.

L’ouverture du BQTA fait également réagir dans la société civile. Elle est dénoncée par les militants propalestiniens qui campent sur le terrain de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), notamment.

La ministre Biron en mêlée de presse.

Les représentations du Québec à l'étranger relèvent de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Invitée à se prononcer sur cette demande, lundi, en point de presse, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, a admis que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou ne [faisait] pas l’unanimité.

Mme Biron a néanmoins plaidé que la décision du gouvernement québécois d’ouvrir une représentation diplomatique à Tel-Aviv était antérieure au conflit actuel et que, sur le terrain, la société civile, autant en Israël que dans les territoires palestiniens, préparait déjà l’après-guerre.

À ce sujet, Ferry de Kerckhove observe effectivement que, malgré le conflit en cours, les relations diplomatiques avec Israël se poursuivent comme s’il n’y avait pas de guerre. Ce n’est pas comme si toutes les délégations ou toutes les ambassades commençaient à retirer leurs effectifs, fait-il remarquer.

Un déploiement scruté à la loupe

Le BQTA devait être inauguré l'automne dernier, mais la cérémonie a été reportée à une date indéterminée à la suite de l’attaque coordonnée du Hamas sur Israël, le 7 octobre.

Mme Biron répétait depuis que le chef de poste opérait à partir de Montréal et qu'il s'installerait à Tel-Aviv uniquement lorsque les conditions de sécurité le permettraient. Radio-Canada a toutefois révélé le 26 mars qu’Alik Hakobyan se trouvait en Israël depuis un mois dans le cadre d’une première mission sur le terrain.

Le diplomate, qui est rentré à Montréal deux jours plus tard, est reparti pour Israël dimanche dernier pour une autre mission d’un mois, a confirmé le MRIF à Radio-Canada mardi. Son retour est prévu pour le 13 juin, toujours selon l'évaluation des risques liés à la sécurité sur place, a-t-on précisé.

M. Hakobyan devrait s’installer pour de bon à Tel-Aviv cet été, a confirmé Martine Biron lors de l’étude des crédits budgétaires de son ministère, le mois dernier.

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