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Éclipse : l’occasion d’un voyage spirituel en phase avec la guérison

10 femmes tiennent un drapeau sur un quai.

Le groupe de femmes atikamekw de Manawan avec le drapeau de leur communauté.

Photo : Karine Wassiania Echaquan

Un groupe de 12 femmes atikamekw de Manawan va assister à l’éclipse totale de Soleil à Niagara Falls, où l’apogée de l’obscurité sera le plus long. Ce voyage spirituel s’inscrit dans un processus de guérison et dans une optique de réconciliation.

Karine Wassiana Echaquan a organisé un premier voyage lors de l’éclipse solaire annulaire du 14 octobre 2023, dans le ciel de l’Alberta. Lundi, c’est dans le sud de l’Ontario qu'elle pourra conclure une aventure dont les racines remontent à son enfance, plus précisément à une vision de son grand-père.

Une éclipse solaire totale.

Environ 6,1 millions de Canadiens de l’Ontario, du Québec et des provinces de l’Atlantique assisteront à une éclipse totale de Soleil cet après-midi à partir de 15 h 15, selon l'endroit où ils se trouvent.

Photo : Radio-Canada

Il m’a dit : "Un jour, tu vas aller où le soleil se couche, dans l’Ouest, et tu vas emmener 12 femmes que tu vas aider à se soulever, à prendre leur place dans le rôle de mère de clan."

Dans la légende que lui a racontée son grand-père, les 12 femmes, des sœurs auxquelles on prêtait des dons, auraient été placées dans six clans. À l’arrivée des colonisateurs, ces femmes auraient dû cacher leurs prétendus dons.

"Ils ont dit qu’elles devaient grandir sans utiliser leurs dons. Elles ont eu des enfants, qui ont beaucoup souffert, parce qu’on leur a coupé leur culture et leurs traditions", se remémore Mme Wassiana Echaquan en citant son grand-père.

La première génération, dans la légende, serait celle de son grand-père. La deuxième serait celle de ses parents, qui ont vécu les pensionnats pour Autochtones et l’assimilation.

La légende raconterait que les enfants des survivants des pensionnats, génération à laquelle appartient Mme Wassiana Echaquan, pourront finalement renouer les prétendus dons desquels leurs aïeux auraient été contraints de se priver.

Redonner du pouvoir aux femmes

Ces prétendus dons retrouvés permettraient aux femmes de reprendre contact avec leur culture et avec le rôle matriarcal de leader pour accompagner les membres de leur communauté dans le processus de guérison.

Karine Wassiana Echaquan explique que la colonisation a entraîné un mode de vie patriarcal, opposé aux valeurs traditionnelles de nombreuses communautés autochtones, et que les voyages qu'elle organise participent à l’émancipation des femmes autochtones.

C’est pour aider nos femmes à passer à travers la guérison de l’assimilation, des pensionnats, la rafle des années 60, l'abattage des chiens de traîneaux et tout ce qui s’est passé [en rapport] avec la Loi sur les Indiens, explique Mme Wassiana Echaquan.

Un aîné de sa communauté lui a confié qu’il aurait vu trois femmes atikamekw habillées en blanc se lever et aider un groupe d’autres femmes, et ce, à deux endroits différents. Ces trois femmes seraient ses deux sœurs, Carole et Marie-Pierre, et elle.

Cérémonie de l’eau

Au Canada, lundi, il y aura deux endroits pour observer l’apogée de l’éclipse pendant au moins 3 minutes et 33 secondes : à Niagara Falls et à Lac-Mégantic.

Ces deux endroits, explique Karine Wassiana Echaquan, sont imprégnés d’une énergie associée à l’eau qui permettrait aux supposés dons mentionnés dans la légende de se développer. Toutefois, le drame ferroviaire de Lac-Mégantic survenu en 2013 fait en sorte que cet endroit n’est pas propice pour une cérémonie de l’eau.

Les chutes Niagara sous un ciel gris.

Il y a plus d'une chance sur deux que le ciel soit nuageux le jour de l'éclipse, le 8 avril, ce qui atténuerait sa visibilité.

Photo : Radio-Canada / Jean-Loup Doudard

Les femmes vont se nettoyer avec l’eau. Elles vont passer à la guérison. L’eau va enlever tout ce qu’on a accumulé dans l’assimilation […], parce qu’on porte encore ces choses-là, explique-t-elle, ajoutant que la réconciliation ne pourra pas avoir lieu tant que ces blessures ne seront pas guéries.

Une soixantaine de personnes prendront part aux cérémonies organisées par le groupe lundi. Des légendes et des chants ponctueront les cérémonies.

Les femmes poursuivront leur mission en distribuant leurs dons dans différents pow-wow, indique Mme Wassiana Echaquan.

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