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Comment le CHU Sainte-Justine a répondu aux besoins des petits blessés de Sainte-Rose

Une montagne de peluches, assortie d'un mot écrit à la main.

Le drame survenu mercredi a causé la mort de deux bambins et en a blessé six autres, qui ont été transportés dans deux centres hospitaliers.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Carambolage, accident industriel, contamination de masse, acte criminel... Quand un hôpital doit accueillir sans délai des personnes qui vivent de graves situations, il déclenche le code orange. Voici comment cela s'est passé au CHU Sainte-Justine dans les minutes suivant le drame qui a frappé une garderie du quartier lavallois de Sainte-Rose.

Ces événements horrifiants ont fait deux morts et six blessés – tous des tout-petits.

L’Hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval a accueilli trois enfants et le CHU Sainte-Justine, quatre autres.

En entrevue à Midi info sur ICI Première, jeudi, le Dr Marc Girard, directeur des services professionnels au CHU Sainte-Justine, a expliqué comment on accueille, stabilise, soigne et réconforte ces patients éprouvés, et ceux qui les accompagnent.

Sur les lieux mêmes du drame, c'est d'abord le personnel d'Urgences-santé qui est appelé, a précisé le Dr Girard. À ce moment-là, un mécanisme de triage s’instaure. Le personnel ambulancier va décider si un patient a besoin d'une réanimation, et celui-là sera amené au centre hospitalier le plus près.

La devanture du CHU Sainte-Justine avec un taxi et un camion de Postes Canada garés devant.

Le fait d'accueillir des blessés à la suite du drame de Sainte-Rose a forcé le CHU Sainte-Justine à activer le code orange, un processus qui a des répercussions importantes sur l’ensemble du fonctionnement d'un centre hospitalier.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Tragédie à Laval

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Des peluches et des lampions déposés près de la porte d'une église.

C'est ce qui explique pourquoi trois des petits blessés ont été acheminés à la Cité-de-la-Santé, et pourquoi c'est là qu'un plus grand nombre de décès ont été constatés, dit le Dr Girard.

C'était des patients qu'on devait déplacer immédiatement, qui étaient en arrêt cardiaque ou en mort imminente, et pour lesquels les premières interventions devaient être faites.

Dans le cas des patients qui ne sont pas en danger de mort, par exemple un polytraumatisé, conscient ou inconscient; ceux-là seront transportés dans un centre de traumatologie pédiatrique tertiaire. À Montréal, ce sont l'Hôpital de Montréal pour enfants et le CHU Sainte-Justine.

La décision d'aller vers un hôpital plutôt qu'un autre est prise par un centre de coordination des mesures d'urgence, qui la communique aux ambulanciers et au centre hospitalier désigné.

La garderie de Sainte-Rose étant à moins de 30 km du CHU Sainte-Justine, c'est donc là que quatre des enfants blessés ont été transportés. (Au moment d'écrire ces lignes, deux d'entre eux avaient reçu leur congé et deux autres demeuraient hospitalisés, dans un état stable.)

Deux adultes transportant avec eux des peluches.

Dans les situations d'urgence, l'hôpital doit non seulement soigner les blessés, mais aussi accueillir leurs proches, souvent dans un état d'affolement. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

L'hôpital en mode alerte

Quand le CHU Sainte-Justine a reçu l'appel du centre de coordination, il s'est placé en état d'alerte. Les premières informations transmises étaient fragmentaires : Autobus... garderie.

L'équipe hospitalière s'est préparée à recevoir un nombre très élevé de patients : C'est ce qu'on appelle un précode orange, qui déclenche un mécanisme d'urgence à l'intérieur de l'institution.

Ce mécanisme se compose de trois niveaux.

Le premier niveau consiste à créer de la capacité à l'intérieur de l'hôpital. Libérer des lits, libérer la salle de réanimation des urgences, ainsi que des salles d'opération, les soins intensifs et les services d'imagerie médicale.

Si nécessaire, du personnel hospitalier est déplacé dans l'établissement pour répondre aux besoins des patients.

Le deuxième niveau consiste à préparer du soutien psychosocial. Le fait qu'un autobus a embouti une garderie donne à penser que des enfants arriveront à l'hôpital sans leurs parents, et que d'autres arriveront avec leurs parents tout aussi ébranlés.

Il faut avoir un mécanisme pour répondre à ces familles-là qui vont arriver. Le Dr Girard se rappelle, par exemple, de situations dramatiques au cours desquelles des parents affolés s'étaient présentés au CHU Sainte-Justine en étant persuadés que leur enfant s'y trouvait, alors que ce dernier était hospitalisé ailleurs.

Quant aux enfants qui arrivent seuls... Il faut les accompagner pour avoir l'information nécessaire : qui sont-ils? Que font-ils? Qu'est-ce qu'on peut faire?

Le troisième niveau consiste à communiquer l'information. Dès qu'on a cette information, on communique avec les parents et on informe les médias, décrit le Dr Girard, qui ajoute que les mesures prises peuvent aller jusqu'à la fermeture des urgences. Il faut en effet prioriser les personnes qui vivent la situation d'urgence et diriger les autres cas vers d'autres hôpitaux.

La décision d’activer le code orange aura des répercussions importantes sur l’ensemble du fonctionnement du centre hospitalier et doit donc suivre un protocole préétabli strict, en plus d’impliquer des acteurs préautorisés.

Source : Mesures d'urgence, ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec

Annoncer à un parent la mort de son enfant

Un père en pleurs embrasse sa fille en la serrant dans ses bras, pendant que l'enfant regarde au loin, l'air triste.

Un père embrasse sa fille sur les lieux de la garderie frappée par l'attaque d'un autobus-bélier. Deux enfants y ont perdu la vie. « C'est le drame humain le plus grave qui puisse arriver dans notre existence », dit le Dr Marc Girard, du CHU Sainte-Justine.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Le drame survenu à Sainte-Rose a causé deux décès; l'un d'eux a été constaté sur les lieux et l'autre, à la Cité-de-la-Santé.

Quand le pire se produit dans un hôpital, il revient aux membres de la cellule de crise d'intervenir auprès de la famille endeuillée. Des travailleurs sociaux et un psychiatre viennent alors en renfort, parce qu'un décès, c'est gravissime, c'est dramatique.

Le plus difficile dans ce genre de situations, c'est l'inexplicable. Pourquoi?

Une citation de Le Dr Marc Girard, directeur des services professionnels au CHU Sainte-Justine

Toute mortalité d'enfant est une injustice absolue. C'est le drame humain le plus grave qui puisse arriver dans notre existence. Quand on n'est pas capables du tout de l'expliquer, qu'on n'a pu rien y faire, cette impuissance-là est terrible.

Un suivi à plus long terme

Par ailleurs, un certain nombre d'enfants de la garderie de Sainte-Rose, qu'ils aient été hospitalisés ou non, ont probablement vécu un traumatisme psychologique, rappelle le Dr Girard.

Par conséquent, pour ces jeunes de quatre ou cinq ans certainement très impressionnés par le drame qu'ils ont vécu, il y aura des interventions à poursuivre.

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