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Une boulangerie sème le rêve d’une relève agricole à Ripon

Mélissa Voghell sourit en regardant l'objectif. Elle se tient debout derrière sa table de travail, un pain à pétrir en attente.

Mélissa Voghell prépare des pains au levain à partir des céréales cultivées dans les champs derrière sa boulangerie.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

Cultiver le grain pour produire du pain, c’était le rêve de la boulangère Mélissa Voghell. Daniel Lavergne, lui, espérait enfin trouver une relève agricole pour ses terres. Ensemble, ils ont uni leur savoir-faire. Aujourd’hui, ils font pousser bien plus que des céréales, mais une réelle complicité entre nouveaux voisins.

Le sarrasin donne l'impression de se prélasser au champ en cet avant-midi de septembre. Le soleil chauffe l’air ambiant et fait plisser les yeux. Rien pour empêcher Daniel Lavergne de profiter de la vue sur ce qu’il appelle son paysage coup de souffle.

La forêt avait pourtant repris le dessus sur les anciennes terres agricoles de son père. Le résident de Ripon prenait son mal en patience dans l’attente d’un projet pour redonner son lustre d’antan à l’endroit.

Un champs où pousse du sarrasin lors d'une journée ensoleillée.

Les terres ont été drainées pour les rendre cultivables.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

En regardant une conférence vidéo en pleine pandémie, sa conjointe Johanne Moreau fait la connaissance de Mélissa Voghell. Elle est séduite par son approche de la boulangerie.

C’est le blé qui nous a fait se connaître!

Une citation de Johanne Moreau
Daniel Lavergne Moreau sourient en regardant l'objectif. En arrière-plan, des tracteurs agricoles.

Daniel Lavergne et Johanne Moreau s’impliquent depuis plusieurs années à Ripon pour redynamiser leur village.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

D’une première rencontre en personne à Saint-Sulpice à la boutique de Mélissa Voghell, va germer cette idée de folle d’une boulangerie à la ferme en Outaouais, où le grain serait cultivé sur place.

La jeune boulangère avait repris les commandes de l’entreprise familiale, il y a dix ans, pour mettre en pratique son approche antigaspillage. À Ripon, avec l’aide de Daniel Lavergne, elle allait se lancer tête première dans l’agriculture avec une idée claire : faire le cycle complet de son produit.

Avec les années, on se rend compte qu’on est très éloigné de ce qui se passe au champ.

Une citation de Mélissa Voghell, copropriétaire, La fille du boulanger

Ça fait partie de ce qu’on voulait montrer à nos enfants. D’où ça part et comment on arrive à faire ce produit-là. Ce n’est pas juste des poches qu’on commande chez un fournisseur et qui nous arrivent toutes déjà produites, explique-t-elle, son petit Clément, cinq mois, s’égosillant dans ses bras. Non loin, la bien nommée Madeleine, du haut de ses deux ans, se balade joyeusement sur son tricycle dans l’ancienne scierie devenue boulangerie.

Meunier, tu dors...

La main de Daniel Lavergne tient une fleur de sarrasin qui pousse dans un champs.

Le sarrasin pourra continuer de croître jusqu’au gel.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

En mars 2022, Mélissa Voghell et son conjoint Julien Durand déménagent finalement sur la montée Meunier à Ripon.

Le nom du rang où ils plantent leur destin reste l'unique point commun avec la célèbre comptine où le moulin bat trop vite.

Daniel Lavergne et Johanne Moreau, les infatigables à qui l’on doit la création du marché public de la Petite-Nation, veillent sur eux dans leur maison en face, de l’autre côté du chemin de terre.

La fille du boulanger cultive désormais du sarrasin, du blé et du seigle, les céréales servant à la production du pain produit par Mélissa Voghell et Julien Durand.

Un étalage de pain de campagne, miches rustiques et baguettes dans la boutique La fille du boulanger.

Utiliser des farines fraîches confère des arômes plus savoureux au pain, selon Mélissa Voghell, en plus de lui donner de meilleures valeurs nutritionnelles.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

Malgré leur enthousiasme et leur engagement, la transition pour inclure l’agriculture dans leur production n’est pas une mince affaire. C’est difficile! Je ne le cacherai pas, admet Mélissa Voghell. Surtout cette année, on a eu beaucoup de défis au champ avec la température.

Heureusement, les fournées préparées à partir de grain biologique cultivé sur place attirent de nombreux gourmands du coin. Pour les années qui sont plus compliquées au champ, on arrive quand même à rebalancer notre énergie, souligne-t-elle.

Mélissa Voghell, entourée de Daniel Lavergne, Johanne Moreau, ainsi que de ses enfants, Madeleine et Clément, et de son conjoint Julien Durand.

Mélissa Voghell, entourée de Daniel Lavergne, Johanne Moreau, ainsi que de ses enfants, Madeleine et Clément, et de son conjoint Julien Durand.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis ce premier jour où elle s’est mise à rêver de cette vie possible grâce à l’appui de ses futurs voisins et partenaires d’affaires.

J’avais des rêves sur dessin. Daniel, lui, ça l’a émerveillé. Et aujourd’hui, on regarde dans notre cour et on a nos trois silos qui ont été montés en l’espace d’un clin d'œil. (rires) [...] Sans Daniel, je pense que le projet ne serait pas à la moitié de ce qu’il est là, affirme la jeune femme avec conviction.

Son voisin et mentor acquiesce. Il jette un regard ému sur les anciennes terres de son père. Il a presque cru que ce patrimoine agricole s’était évanoui pour de bon.

Daniel Lavergne, Mélissa Voghell et sa fille Madeleine debout devant un champs de sarrasin.

Mélissa Voghell est fière de la dimension multigénérationnelle de sa boulangerie à la ferme.

Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rhéaume

Aujourd’hui, la montée Meunier fourmille de vie. Les rires de la petite Madeleine fusent. Ceux de Daniel et Mélissa font écho à la fillette qui tente de siffler dans un brin d’herbe.

Mélissa Voghell est aux anges, elle qui souhaitait s’enraciner ici avec des valeurs chères à ses yeux. Pour elle, la fille du boulanger c’est la réalisation d’un projet multigénérationnel où on peut profiter de la naïveté de nos enfants et de la sagesse de nos aïeux.

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