Drame de la garderie de Laval : début de l’enquête préliminaire de Pierre Ny St-Amand
Pierre Ny St-Amand, aujourd’hui 52 ans, doit répondre de deux chefs d'accusation de meurtre au premier degré. (Photo d'archives)
Photo : Facebook/Pierre Ny St-Amand
L'enquête préliminaire de l’homme accusé d’avoir foncé dans une garderie avec un autobus l’année dernière à Laval a débuté lundi au palais de justice de Saint-Jérôme. Elle durera quatre jours.
Le 8 février 2023, deux enfants ont été tués lorsqu’un autobus de la Société de transport de Laval a foncé dans leur garderie du quartier Sainte-Rose, créant une onde de choc à travers le pays.
Pierre Ny St-Amand, aujourd’hui 52 ans, doit répondre de deux chefs d'accusation de meurtre au premier degré ainsi que de sept autres chefs d'accusation : un de tentatives de meurtre; deux de voies de fait graves; et quatre de voies de fait ayant causé des lésions corporelles.
Le compte rendu d'Aimée Lemieux
Qu’est-ce qu’une enquête préliminaire?
En droit criminel, une enquête préliminaire est une audience judiciaire permettant de déterminer si la preuve recueillie par la Couronne est suffisante et valable pour tenir un procès. Il n'est pas question de déterminer la culpabilité de l'accusé. Des chefs d’accusation peuvent être retirés ou ajoutés par le juge si l’enquête le justifie.
C'est par souci de disponibilité des salles que l'enquête préliminaire se tient à Saint-Jérôme, et non à Laval. Une ordonnance de non-publication limitera l'information qui pourra sortir de la salle de cour.
Deux enfants de 4 et 5 ans ont été tués le 8 février 2023. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Steve Rompré
Pierre Ny St-Amand était sur place, menotté. Son avocate a demandé qu'il ne soit pas menotté afin de pouvoir prendre des notes. Il semblait calme, concentré et à la fois sans émotion et abattu, regardant l'audience de manière assez soutenue en entrant dans la salle de cour.
13 témoins appelés par la Couronne seront entendus durant l'enquête préliminaire, dont collègue de travail, voisin et parent d'enfants. Une psychologue et une psychiatre seront également appelées à témoigner, tout comme la conjointe du conducteur.
Pour l'avocate-criminaliste Nada Boumeftah, la présence de cette dernière pourra faire sourciller.
Il y a quand même des règles en matière de conjoint pour témoigner. On verra qu'est-ce qui sera applicable ou pas et, surtout, la pertinence de l'avoir. Est-ce que ce sera soulevé ou non en défense?
Si ce n'est pas le cas, on peut effectivement penser que ce témoin-là sera là pour donner un portrait de cet individu dans la vie de tous les jours
, a-t-elle affirmé à Isabelle Richer sur les ondes de RDI.
Entrevue avec l'avocate-criminaliste Nada Boumeftah
La santé mentale au cœur des interrogations
Peu de temps après son arrestation, le conducteur a été jugé apte à subir son procès, malgré de nombreuses hypothèses concernant son état de santé mentale. Une autre évaluation effectuée par l’Institut Philippe-Pinel visant à déterminer l’état mental de l’homme au moment de la tragédie a été soumise sous scellés quelques semaines plus tard.
Le jour de la tragédie, des témoins avaient assuré que le conducteur semblait pris de rage et avait retiré tous ses vêtements avant de tenter de quitter son véhicule. La même journée, il a comparu depuis une chambre de l’Hôpital du Sacré-Cœur, sous la garde de policiers. Il s’en est pris à l’un d’eux, ce qui a forcé l’interruption de la procédure judiciaire pendant environ 20 minutes.
En septembre, son avocat, Me Julien Lespérance, a déclaré aux journalistes qu'il ferait valoir lors de la prochaine audience que son client ne devrait pas subir de procès, mais a refusé de fournir plus de détails sur les motifs qu’il compte invoquer.
L'avocat de Pierre Ny St-Amand, Me Julien Lespérance. (Photo d'archives)
Photo : Ivanoh Demers
S’il devait y avoir un procès dans cette affaire, il devrait avoir lieu à l’automne 2024.
Les procédures intentées contre lui ont été reportées à plusieurs reprises. En août dernier, la Couronne avait notamment demandé plus de temps pour divulguer des éléments de preuve.
Avec des informations d'Aimée Lemieux et d'Isabelle Richer
