De nouvelles vocations pour sauver les églises de l’abandon

Comme c'est le cas un peu partout au Québec, la Ville de Saguenay est confrontée à l'abandon de ses églises, et certaines sont passées sous le pic des démolisseurs. D'autres ont néanmoins pu être sauvées. Dans l'arrondissement de La Baie, un organisme se bat depuis des années pour sauver l'imposante église Saint-Édouard et sa persévérance est en voie de porter fruit.

Voici trois exemples de sauvegardes du patrimoine religieux à Saguenay.

Appartements luxueux à l'église Saint-Georges

Dans l'arrondissement de Jonquière, l'église Saint-Georges, fermée depuis 2009, a été transformée en 17 appartements locatifs de luxe.

C'est le promoteur immobilier David Bouchard qui a eu l'idée, fin 2014.

C'est né sur un coup de tête. J'ai vu une pancarte à vendre. J'ai appelé l'agent d'immeuble. On est venus visiter, moi et ma conjointe. Deux jours plus tard, j'ai fait une offre d'achat et elle a été acceptée.

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Il a payé le terrain 160 000 dollars et a ensuite investi 3,6 millions pour transformer l'intérieur du bâtiment.

C'est lui-même qui a dessiné les plans. L'ancienne allée centrale est devenue le corridor qui mène aux appartements. L'espace dans les logements, la hauteur des plafonds et la taille des fenêtres rappellent l'ancienne église. On a refait des bâtiments à l'intérieur du bâtiment, résume M. Bouchard.

Il est fier de son projet, mais les travaux se sont échelonnés sur quelques années et le processus a été complexe.

Les banques ont eu de la misère à embarquer, vu qu'il y avait le nom "église" dans le projet. On a eu de la misère aussi à se faire assurer au début... Je vais [revoir] mon argent dans 25-30 ans, quand je serai à ma retraite!

De l'escalade à l'église du Christ-Roi

Une surprise nous attend en entrant dans l'église du Christ-Roi de l'arrondissement de Chicoutimi. Désacralisé en 2017, le lieu de culte est vite devenu un centre d'escalade.

Aujourd’hui, une structure de 14 mètres remplace l’autel du bâtiment patrimonial. D'autres plus petites ont été érigées dans la nef. La mezzanine est même devenue une salle d’entraînement.

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Louis-Philippe Pineault est derrière le projet qui a coûté près d’un million de dollars.

L'avantage, c'était que les églises, ce sont des bâtiments qui sont vraiment spacieux. Donc, pour l'escalade, on a besoin de beaucoup de hauteur, beaucoup de place... Ça a été un plus, parce que ça aurait probablement coûté le double.

Bien situé au centre-ville de Chicoutimi, le centre d'escalade a de nombreux adeptes.

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Le projet, en plus d'être rentable, a sans doute empêché la démolition de l'église, d'après M. Pineault.

Ça, ça me tient à cœur, dit-il. Et je suis content que le projet ait bien fonctionné parce que ça peut donner l'idée aussi à d'autres gens de le faire. Je peux citer Rimouski avec le Riki Bloc qui a ouvert son centre d'escalade récemment, fin 2023.

Il note que plusieurs autres églises ont été transformées en centres d'escalade, au Québec.

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Une longue lutte citoyenne pour l'église Saint-Édouard

À quelques centaines de mètres de la superbe baie des Ha! Ha! dans l'arrondissement de La Baie, l'imposante structure de l'église Saint-Édouard est impossible à manquer. C'est l'un des monuments importants de la région.

Avec son architecture gothique anglaise, unique dans le Québec des années 1920, elle avait été bâtie pour plaire aux principaux bailleurs de fonds, les dirigeants anglais de la papetière locale.

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Abandonnée depuis 18 ans, occupée par des squatters, elle était menacée de disparaître malgré sa valeur patrimoniale reconnue. Toutefois, un organisme a fini par la sauver au terme de plusieurs années de lutte.

La différence entre les gens qui vont réussir à sauver leur église et ceux qui ne réussiront pas, c'est juste la persévérance. Il ne faut jamais lâcher, sinon on ne gagnera pas, insiste Andy Ellefsen, vice-président de la Corporation Patrimoine Saint-Édouard.

C'est beaucoup grâce à lui que la Ville de Saguenay vient finalement d'accorder 2,5 millions de dollars pour rénover la toiture, les fenêtres et les portes de l'église afin qu'elle tienne bon jusqu'à son éventuelle reconversion.

Un projet de bibliothèque municipale était sur la table, mais il a été abandonné en 2022 en raison d'importants dépassements de coûts.

Ce sont des bâtiments qui coûtent cher en termes d'énergie, qui n'ont pas été construits pour autre chose que des grands rassemblements. Donc, les reconversions sont généralement très difficiles, explique la mairesse Julie Dufour.

Est-ce qu'on va pouvoir tout sauver nos églises? C'est impossible. Est-ce que le gouvernement provincial est au rendez-vous avec des sommes? Très peu. Alors, est-ce que ce sera un passif pour les villes et tous les Québécois et Québécoises? Clairement. Donc, le choix d'en choisir certaines ou non devient extrêmement difficile.

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Mme Dufour pense que trois ou quatre autres églises pourraient encore être sauvées sur le territoire de Saguenay. L'église Saint-Édouard en fera donc partie.

La Corporation Saint-Édouard a trouvé du financement pour embaucher une firme d'architectes afin de lui trouver une future vocation. Elle vise un projet sociocommunautaire : café, popote roulante, espace muséal, bureaux... Tout est sur la table, mais il faudra que ce soit rentable.

Il faudra aussi trouver des fonds pour financer les travaux.

Moi, tant que je suis vivant, l'église va rester debout. Et j'ai 33 ans, juste pour vous dire!, signale en souriant Andy Ellefsen.