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Sophie Grégoire Trudeau : « Quand on aime quelqu’un, il faut savoir lui céder sa liberté »

Celle qui a été la « première dame » du Canada publiera mercredi un livre autobiographique et de croissance personnelle intitulé Entre nous. Mieux se connaître, mieux s’aimer. Elle s'est confiée à Radio-Canada.

Sophie Grégoire Trudeau dans un studio d'enregistrement.

Sophie Grégoire Trudeau lors de l'enregistrement de la version audio de son livre Entre nous. Mieux se connaître, mieux s’aimer.

Photo : Radio-Canada / Benoit Roussel

Sophie Grégoire Trudeau comprend le désir de son ex-conjoint, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, de continuer en politique et l’importance de lui « céder sa liberté ».

Après des années en montagnes russes au cours desquelles sa famille a été propulsée dans les sphères du pouvoir, la militante pour la santé mentale tente de faire œuvre utile avec son nouvel ouvrage. Elle espère que ses épreuves personnelles pourront servir aux lecteurs.

En entrevue à Radio-Canada, elle se confie sur la stabilité de sa cellule familiale, sa séparation et ses inquiétudes devant la polarisation du discours politique.


Dans votre livre, vous insistez sur l’importance de la résilience. Après avoir côtoyé le monde politique et toutes les pressions qui viennent avec, quelles leçons en avez-vous tirées?

Je ne pense pas que la résilience, c'est de prendre contrôle de la vie. C'est plutôt de prendre le contrôle de soi-même dans la vie. J'ai eu assez d’obstacles, de nouvelles expériences, de nouveaux liens, de moments incroyablement enrichissants et de moments beaucoup plus difficiles.

Puis, j’ai regardé plus profondément en moi pour me comprendre davantage à travers l'adversité et savoir m'asseoir avec ma souffrance, l'accepter, me voir sous ma vérité. Ça fait mal. Ça prend du courage. Je pense que j'en suis sortie grandie, plus calme, plus ancrée. Mais ça ne vient pas tout seul, ça prend du travail, faire tout ça.


Vous racontez aussi le tumulte de la vie publique, les insultes et les menaces envers votre famille ces dernières années. Comment avez-vous réussi à préserver votre bulle familiale?

Des fois, on peut être désillusionné par la perception que le monde peut avoir de nous, quand on est une bonne personne. Moi, je suis une personne aimante et je veux le mieux pour l'autre. Donc, des fois on se dit : Coudonc! Qu’est-ce que j'ai fait pour que les gens pensent ça de notre vie ou de nos enfants, ou du père qui est là, qui essaie de faire de son mieux pour instaurer plus de justice dans notre société?

J'ai compris avec le temps que les gens qui s'adressent à nous avec de la critique, souvent, ça en dit plus sur leur posture émotionnelle que ça en dit sur la nôtre.

La méfiance, la critique constante et le fait d'élever des enfants dans cet environnement demandent d'autant plus de présence.

Une citation de Sophie Grégoire Trudeau

D'être là, pas juste d'écouter, mais d'être vraiment là dans l'instant présent.

Justin Trudeau, Sophie Grégoire Trudeau et leurs enfants Xavier et Ella-Grace saluent une foule devant une immense feuille d'érable sur un drapeau du Canada.

« La méfiance, la critique constante et le fait d'élever des enfants dans cet environnement demandent d'autant plus de présence », dit Sophie Grégoire Trudeau. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Je pense que de créer un espace sécuritaire dans sa famille, ça se développe dans les moments les plus difficiles. Mes enfants, mon partner et moi, on a toujours été proches. On s'est toujours dit les vraies choses. On ne garde pas de secrets à l'intérieur de notre cercle familial.


En avez-vous eu assez du monde politique?

Nous vivons dans un moment et une période de l’humanité qui est très inquiétante face à la perception que les gens ont du service public. Je pense que les gens ont une perception erronée de ce que ça veut dire, vivre dans une maison officielle et être au service des autres. Quand on voit quelques photos ici et là, en talons hauts dans des sommets ou entourés de gens qui ont beaucoup d'influence, ce n’est qu’une infime partie de la politique.

Michelle Obama et Sophie Grégoire-Trudeau s'enlacent devant des drapeaux des États-Unis et du Canada.

Sophie Grégoire Trudeau a participé à plusieurs voyages diplomatiques où elle interagissait avec les épouses d'autres dignitaires, dont Michelle Obama. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Cliff Owen

La politique, c’est être au service de l'autre, c'est être à l'écoute de l'autre. C'est prendre des décisions qui vont déplaire, au milieu d’un concours de qui va plaire le plus.

Une citation de Sophie Grégoire Trudeau

Alors je pense qu'il y a une rééducation à faire au niveau de ce que sont le service public et la politique. Et aussi, il ne faut pas décourager les gens. Quand on voit le paysage politique, la division et la polarisation, les gens avec de bonnes valeurs qui ont le cœur à la bonne place et avec une belle vision du monde, bien ces gens-là ne voudront plus en faire parce que c'est excessivement difficile. Alors je pense qu'on a la responsabilité de partager la réalité, ce que c'est vraiment.


Croyez-vous que le rôle de « première dame » devrait être plus valorisé au Canada et reconnu officiellement, avec des ressources?

Ce n’est pas à moi de décider si, dans le futur, une personne devrait avoir plus ou moins de ressources. Je souhaite que les personnes qui viendront après nous soient bien encadrées pour pouvoir donner le maximum possible.

Je n'ai jamais vu ma présence sur le chemin connexe des choix professionnels de mon partenaire comme étant un rôle. Je me suis dit, comment est-ce que je peux exprimer mon authenticité, mes qualités, pour pouvoir être davantage au service des autres? Et j'avais déjà commencé sur le chemin de la santé mentale. Donc, j'ai continué de choisir des causes. C'est comme un grand dénominateur commun universel, le bien-être et la santé mentale, puis la santé du cerveau. Donc, je n’ai jamais vu ça comme étant un rôle.

Sophie Grégoire Trudeau lève les bras en parlant au micro devant un drapeau du Canada et un logo du Parti libéral.

« Je n'ai jamais vu ma présence sur le chemin connexe des choix professionnels de mon partenaire comme étant un rôle », dit Sophie Grégoire Trudeau. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand

Est-ce que je pense que cette présence du conjoint ou de la conjointe d'un premier ministre est importante? Oui, tant et aussi longtemps que c'est fait avec intégrité et honnêteté. Si cette personne ne veut rien savoir des projecteurs ou en est intimidée, bien, que cette personne-là continue son propre chemin de vie.


Justin Trudeau a fait le choix de continuer la vie politique. Il insiste pour se battre lors de la prochaine campagne électorale. Sans dire si vous êtes d’accord ou pas avec ce choix, est-ce que vous le comprenez?

C'est une belle question. Je pense que je le comprends. Mais surtout, quand on aime quelqu'un, même si ça fait mal, il faut savoir lui céder sa liberté. Et ça, c'est un grand signe d'amour.


Malgré la séparation, vous souhaitez préserver une bonne relation avec le père de vos enfants. C’est important pour vous de préserver ce noyau familial?

Je trouve votre question essentielle. On a beaucoup d'immaturité relationnelle dans notre société. Pour nous, le mariage, c'est la réussite, et le divorce, l'échec. Mais la vie, ça se passe entre les deux et les enfants écopent des drames émotionnels.

Sophie Grégoire Trudeau et Joe Biden se sourient devant des bancs du Parlement tandis que des personnes applaudissent à l'arrière.

La visite de Joe et Jill Biden a été l'une des dernières présences publiques de Sophie Grégoire Trudeau au Parlement. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Kevin Lamarque

De pouvoir grandir dans une relation qui change de structure, ça ne veut pas dire qu'on doit tuer la relation. Et je cite Esther Perel, la grande psychothérapeute belge, qui dit qu’on a tendance à vouloir terminer ou tuer une relation au lieu de la restructurer.

On ne devrait pas avoir honte de se dire les vraies choses dans nos relations, on devrait pouvoir exprimer nos désirs, notre honte, nos souffrances, peu importe ce que c'est, en se sentant en sécurité.


Est-ce qu'on va vous revoir aux côtés de Justin Trudeau pendant la prochaine campagne électorale?

Mais là, c'est encore loin! (rires) À ses côtés? Mais bien sûr. On est une famille unie, on a encore plein d'amour qui nous unit. Et il n’y a pas de fin à ça.

Certaines réponses ont été raccourcies ou éditées, par souci de clarté et de concision.

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