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Le chef de poste du Bureau du Québec à Tel-Aviv devrait s’installer en Israël cet été

Le diplomate continuera entre-temps à faire des « allers-retours » entre le Canada et Israël.

La ministre Biron en commission parlementaire.

La ministre Martine Biron a admis mercredi qu'elle ne savait pas, lorsqu'elle a soutenu que le directeur du Bureau du Québec à Tel-Aviv opérait depuis Montréal, que le diplomate en question se trouvait en fait en Israël.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Le directeur du Bureau du Québec à Tel-Aviv (BQTA) s'installera de façon « permanente » en Israël avec sa famille cet été « si la sécurité le permet », a indiqué la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, lors de l'étude des crédits budgétaires de son ministère, mercredi.

Nommé en septembre dernier, Alik Hakobyan se trouve actuellement à Montréal après avoir mené une première mission sur place, du 26 février au 27 mars, a confirmé Mme Biron.

Il devrait normalement retourner en Israël plus tard ce printemps, pour faire des contacts, avant de s'y installer de manière définitive au cours de l'été, a-t-elle ajouté, soulignant que les choses [s'étaient] un peu calmées avant les Fêtes.

Le BQTA devait initialement être inauguré en octobre dernier par la ministre Biron. Or, celle-ci a dû reporter sa mission à la dernière minute en raison des attaques coordonnées du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

La ministre Biron invoquait à l'époque des raisons de sécurité pour expliquer pourquoi le chef de poste devrait continuer de travailler à partir de Montréal. Or, Radio-Canada a révélé le 26 mars dernier que M. Hakobyan se trouvait à Tel-Aviv depuis un mois. Il est rentré au pays le lendemain.

Proche-Orient, l’éternel conflit

Consulter le dossier complet

Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Interrogée à ce sujet, Mme Biron a juré mercredi qu'elle ne savait pas que M. Hakobyan se trouvait en Israël lorsqu'elle a soutenu qu'il opérait depuis Montréal, notamment dans un document déposé à l'Assemblée nationale, le 21 mars, et en marge d'une allocution devant le CORIM, le 22.

J'ai appris qu'il était là alors que j'étais à l'étranger moi-même, parce que je n'ai pas l'agenda de l'ensemble de mes chefs de poste, s'est-elle justifiée mercredi.

Mme Biron a toutefois ajouté qu'elle n'avait pas été surprise d'apprendre le déplacement du diplomate, dans la mesure où il avait été décidé avant les Fêtes qu'il ferait des allers-retours entre le Canada et Israël au début de 2024. C'était dans les cartons, a-t-elle admis.

Un mois, cela dit, ce n'est pas un aller-retour, [...] c'est une présence significative, lui a fait remarquer le porte-parole péquiste en matière de relations internationales, Pascal Paradis, dont le chef, Paul St-Pierre Plamondon, a accusé la ministre d'avoir « retenu de l'information » dans ce dossier, le mois dernier, au Salon bleu.

Nous ne sommes pas en Israël pour des raisons politiques

L'ouverture du BQTA avait été annoncée en août 2023. Il s'agissait d'un projet hérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard, qui en avait fait la promesse en 2018, peu de temps avant les élections générales, a rappelé Mme Biron, mercredi.

Le déploiement de cette représentation diplomatique au Proche-Orient a occupé une bonne partie de l'étude des crédits du MRIF, mercredi, non seulement en raison de l'imbroglio causé par son déploiement progressif, mais également à cause de son caractère controversé.

Québec solidaire, par exemple, estime que le gouvernement Legault devrait renoncer à l'ouverture du BQTA, notamment en raison de la réplique israélienne à l'attaque du 7 octobre, que le parti juge disproportionnée. D'origine palestinienne, la députée Ruba Ghazal a d'ailleurs déposé une pétition à cet effet, le 15 février dernier.

Le Parti québécois croit pour sa part que le déploiement du Bureau devrait être gelé le temps que la situation se calme sur le terrain.

Guillaume Cliche-Rivard en commission parlementaire.

Le porte-parole de QS en matière de relations internationales, Guillaume Cliche-Rivard, a demandé à la ministre Biron mercredi de s'engager à demander au BQTA de ne pas développer de partenariats économiques avec des entreprises israéliennes impliquées dans le secteur militaire, ce que sa vis-à-vis n'a pas voulu faire.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

À ces critiques, la ministre Biron a répondu mercredi en réitérant que l'ouverture du BQTA ne devait pas être interprétée comme une prise de position dans le conflit entre Israël et le Hamas. Nos intérêts [...] sont économiques, a-t-elle répété. Nous ne sommes pas en Israël pour des raisons politiques.

Mme Biron a également précisé que si le mandat de son chef de poste ne concernait qu'Israël et les territoires palestiniens, l'ouverture du BQTA permettrait aussi d'entretenir des relations avec deux autres importants partenaires du Québec dans la région, soit la Turquie et les Émirats arabes unis.

Contrairement à ce qu'elle avait soutenu en marge de son allocution devant le CORIM, le 22 mars dernier, la ministre a toutefois exclu de se servir du Bureau pour faire des affaires avec le Liban, un pays techniquement en état de guerre avec Israël.

Le premier déplacement du représentant du Québec à Tel-Aviv a permis à ce dernier de prendre possession de locaux du Bureau, qui se trouvent à l'ambassade du Canada, et de son logement de fonction, a expliqué Mme Biron. M. Hakobyan en a aussi profité pour rencontrer des gens, a-t-elle ajouté, sans donner plus de détails.

Radio-Canada a demandé au MRIF de pouvoir s'entretenir avec le chef de poste du BQTA, la semaine dernière. Le ministère a toutefois décliné notre requête.

Les documents déposés mercredi par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) lors de l'étude des crédits nous apprennent en outre que :

  • Le BQTA, en date du 29 février dernier, a coûté 264 100 $ à l'État sur un budget de 59 millions de dollars réservé au réseau des 37 représentations du Québec à l'étranger;
  • Son chef de poste, nommé pour deux ans, gagne 106 741 $ par année;
  • La première mission du représentant du Québec à Tel-Aviv, du 26 février au 27 mars, a coûté 7662,13 $;
  • Son séjour précédent, du 2 au 13 juin 2023, à l'époque où M. Hakobyan agissait comme « chef de pupitre Proche-Orient, Égypte et Türkiye » au MRIF, a coûté 5939,43 $. Sa mission l'avait alors mené à Tel-Aviv, à Jérusalem et à Natanya, en Israël, ainsi qu'à Ramallah, dans les territoires palestiniens.

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