Le règlement sur l’itinérance à Rimouski critiqué
Les campements de sans-abris seront autorisés dans certains lieux publics, de 20h à 7h. Ils ne pourront pas, en revanche, être installés au parc de la Gare. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Mathieu Berger
Le nouveau règlement qui encadre l’itinérance sur le territoire de la Ville de Rimouski passe mal pour le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ). L’une de ses membres, la Rimouskoise Julia Ouellet, en a plus précisément contre le droit que s’est adjugée la Ville de Rimouski d’interdire les campements de sans-abris après 7 h.
Si j’entre chez vous à 6 h 45 le matin [...], votre réaction sera certainement d’être paniqué
, illustre la chargée des communications au RSIQ, en entrevue à l’émission Info-Réveil. Julia Ouellet a signé une lettre ouverte dans laquelle elle dénonce l'approche coercitive privilégiée par la Ville, qui a adopté son règlement sur l’itinérance au début du mois.
En vertu de ce règlement, les personnes itinérantes pourront ériger une tente ou un abri sur des terrains publics municipaux, comme les parcs, mais seulement entre 20 h et 7 h. Les structures présentes sur place ne pourront pas être utilisées.
Plus globalement, la Rimouskoise s'oppose au droit de démantèlement que se sont octroyées plusieurs villes du Canada. Elle croit que cette pratique bafoue les droits des sans-abris, une position partagée par la défenseure fédérale du logement.
L'été dernier, une dizaine d'itinérants ont élu domicile au parc de la Gare de Rimouski, suscitant l'émoi de la population locale, jusqu'ici peu confrontée au phénomène d'itinérance visible. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sébastien Ross
Elle aimerait que Rimouski suive l'exemple de la Ville de Longueuil, qui s'est dotée d'un Plan d'action de lutte contre l'itinérance. Un règlement tel qu’il est présenté comme ça et qui vit par lui-même, sans que la Ville [de Rimouski] ne s’engage nécessairement à prendre la responsabilité de la raison pour laquelle ces gens-là se retrouvent à la rue, c’est là où je trouve qu’il y a un non-sens
, ajoute Julia Ouellet.
Elle se demande comment l'administration Caron compte, en parallèle, s'attaquer aux causes inhérentes de l'itinérance pour offrir des solutions plus pérennes, comme la construction de logements.
La Ville se défend
C'était clair depuis le départ que, pour nous, ce n'est pas une question de faire de la répression, mais il y a une problématique d'itinérance visible qui était très présente l'été passé, et on a fait preuve de tolérance en l'absence d'un règlement
, réplique le maire Guy Caron. Les propos de Mme Ouellet relèvent selon lui d'une incompréhension de l'objectif qui est visé par le règlement
.
«Initialement, c'est la responsabilité du gouvernement du Québec de travailler sur l'itinérance», tranche le maire de Rimouski, Guy Caron. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le maire rappelle avoir consulté plusieurs partenaires, dont des organismes œuvrant en travail de rue, lors de l'élaboration du règlement. Avec la recommandation que nous avons eue de l'ensemble de ces joueurs au sein de la cellule de crise en itinérance, on est arrivés à baliser la situation.
Pour ce qui est des solutions, Guy Caron évoque le projet de refuge pour sans-abris qu'a la Ville dans les cartons. Elle souhaite l'aménager d'ici l'hiver prochain.
Mais pour le reste, l'élu s'en remet au ministère de la Santé et des Services sociaux à qui revient ultimement la responsabilité de l'enjeu. Ce qu'on a entendu comme message depuis l'an dernier, c'est que le gouvernement du Québec ne travaillera pas sur les infrastructures, et laissera ça dans la cour des villes.
Guy Caron soulève aussi que ce règlement est un premier pas pour sa ville, jusqu'ici peu confrontée au phénomène de l'itinérance visible, contrairement à d'autres villes plus grandes. On bâtit présentement une réponse graduelle à ce phénomène-là.