AnalyseLes conservateurs victorieux dans Milton : un prélude encourageant pour Doug Ford
La victoire conservatrice dans cette circonscription pivot n’est pas de bon augure pour la nouvelle cheffe libérale Bonnie Crombie.
La victoire dans Milton est un signal encourageant pour Doug Ford alors qu'il amorce la deuxième moitié de son second mandat à Queen's Park. (Archives)
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Les derniers sondages prédisaient une lutte serrée entre libéraux et conservateurs à Milton. Au bout du compte, le candidat de Doug Ford s’est confortablement hissé au premier rang. Ce résultat met fin à une disette pour le gouvernement, lui qui avait échoué lors des trois élections partielles précédentes.
Une défaite aurait été difficile à avaler pour les progressistes-conservateurs. Milton fait partie de ces circonscriptions qu’un parti doit décrocher pour être en mesure de former ou de reformer le gouvernement. De plus, cette circonscription sert souvent de baromètre. L’équipe de Doug Ford avait d’ailleurs mis la main sur ce siège en 2018, puis en 2022, lors des élections générales.
Le succès de Doug Ford cette semaine prouve aussi que son message résonne auprès des électeurs du 905, c'est-à-dire les banlieues torontoises. D’ailleurs, sa plateforme a été soigneusement conçue pour séduire les électeurs des villes-dortoirs : nouvelle autoroute, opposition à la taxe sur le carbone, réduction des frais pour les automobilistes.
Le candidat progressiste-conservateur Zee Hamid célèbre sa victoire devant ses partisans après avoir récolté plus de 47 % des voix lors de l'élection partielle à Milton.
Photo : Radio-Canada
Milton est un microcosme exceptionnel de la grande région de Toronto
, rappelait plus tôt cette semaine un stratège conservateur. Bref, si le poisson mord à Milton, la pêche a le potentiel d’être bonne ailleurs en banlieue.
Une défaite aurait même été humiliante pour le gouvernement étant donné tous les efforts déployés pour conserver le siège vacant depuis le départ de Parm Gill. Entre la multiplication des annonces favorables à la région et tout l'argent dépensé en publicité pour discréditer la cheffe libérale, rien ne semble avoir été laissé au hasard dans Milton.
Signe de la détermination du parti : il a même diffusé des publicités télévisées pendant les matchs des Maple Leafs, dans lesquelles il accusait Bonnie Crombie d’être la reine de la taxe carbone
. L'artillerie lourde, quoi. Après avoir perdu Kanata-Carleton aux mains des libéraux en juillet dernier, le gouvernement a mis toute la gomme pour éviter une autre déconvenue. Les progressistes-conservateurs ont aussi passé les dernières semaines à marcher sur des œufs à Queen's Park, se tenant à l’écart de certains dossiers controversés, comme le port du keffieh. Le mot d'ordre : évitons de froisser des électeurs.
La cheffe libérale Bonnie Crombie sur un podium devant une foule.
Photo : La Presse canadienne / Chris Young
Évidemment, une mise en garde est de mise : les résultats d’élections partielles sont à prendre avec un grain de sel. Avec de faibles taux de participation, il est préférable de ne pas suranalyser l’issue du vote. Il reste que les stratèges politiques dans tous les camps passeront quelques jours à disséquer les résultats avec minutie. Surtout que les partielles coïncident avec le mi-mandat du gouvernement et peuvent offrir un aperçu du degré de satisfaction des électeurs.
Un travail d’introspection attend surtout les libéraux. Qu’est-ce qui explique leur mauvaise performance dans Milton? La lune de miel entre les Ontariens et Bonnie Crombie, élue cheffe en décembre, est-elle déjà terminée? A-t-elle même eu lieu? Une victoire libérale aurait certainement motivé les militants et confirmé que Bonnie Crombie était le bon choix pour la chefferie.
Même s’ils ont laissé échapper la victoire, inutile pour les libéraux de s’autoflageller : ils ont offert une solide opposition dans cet affrontement de type David contre Goliath. Les libéraux n’ont que neuf sièges à la législature et disposent donc de ressources très limitées.
Certes, l’étoile de Bonnie Crombie a peut-être pâli, mais son parti a tout de même réussi à se détacher des néo-démocrates dans Milton et dans Lambton-Kent-Middlesex, là où avait lieu l'autre élection partielle cette semaine. Les résultats consolident la position du parti en tant que solution de rechange au gouvernement de Doug Ford.
Zéro en cinq pour le NPD
Les résultats sont certainement plus difficiles à digérer chez les néo-démocrates. Le parti dirigé par Marit Stiles a terminé au troisième rang dans les deux circonscriptions, et ce, loin derrière. Le NPD n'a pas été dans le coup ni dans Milton (il a récolté moins de 7% des voix) ni dans Lambton-Kent-Middlesex (un peu plus de 10% des voix).
La cheffe de l'opposition Marit Stiles n'a remporté aucune élection partielle depuis qu'elle a pris les rênes du parti.
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Le parti n’envisageait probablement pas la victoire, mais il aurait certainement aimé être plus compétitif au lieu de poursuivre sa série de contre-performances.
Cinq défaites en cinq occasions : une moyenne au bâton peu reluisante, surtout lorsqu'on forme l’opposition officielle.
Le NPD doit rapidement trouver le moyen d’être plus compétitif sur le terrain. Il deviendra de plus en plus difficile pour la cheffe Marit Stiles de motiver ses troupes et de recruter de grosses pointures si la déconfiture persiste.
