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Le maire de Rafah à Radio-Canada : « La souffrance humaine est énorme, énorme… »

Ahmad Al-Soufi en appelle à « l'humanité de la communauté internationale » pour mettre fin au « massacre » dans la bande de Gaza.

Elle est enlacée par une femme.

Une fillette palestinienne en pleurs après un bombardement israélien dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Photo : Reuters / Mohammed Salem

Le maire de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, n’a qu’un seul mot à la bouche : « catastrophe ».

C’est une catastrophe à tous les niveaux : catastrophe humanitaire, catastrophe sociale, catastrophe sanitaire, catastrophe environnementale, catastrophe économique… Et le monde nous observe, sans bouger le petit doigt, lâche Ahmad Al-Soufi, qui a accordé une entrevue téléphonique à Radio-Canada depuis le centre de Rafah.

Depuis le 6 mai dernier, les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations contre sa ville, qui se trouve non loin de la frontière égyptienne, appelant les civils à se déplacer vers la région d'Al-Mawasi, à une dizaine de kilomètres de là.

Israël affirme que les derniers bataillons du Hamas sont retranchés à Rafah et se dit déterminé depuis plusieurs mois à y mener un assaut terrestre d'ampleur pour anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qui a mené le 7 octobre, dans le sud d'Israël, une attaque sanglante qui a déclenché la guerre.

Un jeune Palestinien passe près d'un trou béant causé par un bombardement israélien dans la ville de Rafah, non loin de la frontière égyptienne.

Un jeune Palestinien passe près d'un trou béant causé par un bombardement israélien dans la ville de Rafah, non loin de la frontière égyptienne.

Photo : Getty Images / AFP

Proche-Orient, l’éternel conflit

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Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Selon l’ONU, sur les 1,4 million de personnes entassées à Rafah, seulement 80 000 ont pu fuir la ville au cours des trois derniers jours.

La plupart des civils qui se trouvent dans le sud de la bande de Gaza sont des déplacés qui ont été poussés là par sept mois de combats et de bombardements qui ont réduit à l'état de ruines le nord puis le centre de la bande de Gaza.

Ceux qui ont décidé de rester préfèrent mourir sur place plutôt que de devoir se déplacer encore une fois, dit le maire de Rafah. Évidemment, nous les encourageons à partir pour fuir les bombardements, nous privilégions la sécurité physique des civils, surtout celle des femmes et des enfants, ajoute-t-il.

Mais, selon lui, la région désignée comme « zone humanitaire » par Israël est désertique et dépourvue de toute infrastructure basique pour abriter les déplacés. Rien n'a été mis en place pour l'accueil des civils fuyant les combats, dit-il.

Des Palestiniens rassemblent matelas et sacs dans un secteur désertique où l'on voit des tentes.

Des Palestiniens rassemblent leurs matelas et leurs sacs dans la région d'Al-Mawasi, désignée comme « zone humanitaire » par l'armée israélienne.

Photo : Getty Images / AFP

L’armée israélienne a par ailleurs pris le contrôle du seul point de passage à Rafah qui relie la bande de Gaza au monde extérieur, via l’Égypte.

Tous les approvisionnements ont été coupés [...]. On manque d’eau, de nourriture, de médicaments, de carburant… On manque de tout!

Une citation de Ahmad Al-Soufi, maire de Rafah

L'ONU avait affirmé mardi ne plus disposer que d'un jour de réserves de fioul pour les opérations humanitaires à Gaza, et avait appelé à rouvrir les passages.

Il ne restait mercredi que trois jours de carburant aux hôpitaux du sud de Gaza, ce qui signifie qu'ils pourraient bientôt cesser de fonctionner, a averti l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le maire de Rafah assure quant à lui que les hôpitaux de la ville sont soit non opérationnels, soit inaccessibles en raison des routes coupées ou détruites par les bombardements israéliens.

Nous sommes complètement démunis, dit-il, le souffle presque coupé. On n’a plus les moyens d’aider les gens. On est même incapables de retirer les blessés de sous les décombres parce qu’on manque de matériel et de machineries.

Avec la fermeture du point de passage de Rafah, il est devenu impossible pour les Palestiniens d’évacuer les blessés vers l’Égypte pour y être soignés, explique-t-il encore.

Tous les blessés, surtout les blessés graves, sont désormais condamnés à mourir sans soins. Nous vivons dans la peur et la terreur à Rafah [...]. La souffrance humaine est énorme, énorme…

Une citation de Ahmad Al-Soufi, maire de Rafah
Un homme assis derrière un bureau.

Photo d'archives d'Ahmad Al-Soufi, le maire de la ville de Rafah, dans son bureau.

Photo : Facebook / Municipalité de Rafah

Le maire de Rafah en appelle à l’humanité de la communauté internationale pour assumer ses responsabilités et mettre fin à ce massacre. C’est une véritable catastrophe qui concerne l’humanité tout entière, dit-il.

M. Al-Soufi, qui a été élu à la tête de la municipalité de Rafah en juin 2020, assure qu’il n’y a plus d’endroits sûrs dans toute la bande de Gaza. Il accuse par ailleurs l’armée israélienne d’avoir complètement rasé des villes entières avec des bulldozers et des chars. Il craint que la ville de Rafah ne finisse par subir le même sort.

Il appelle la communauté internationale à fournir des logements temporaires pour les déplacés, ainsi que des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés. Il y a, à Rafah, plus de 1600 personnes atteintes de maladie rénale, qui ont besoin de subir un traitement de dialyse deux fois par jour, indique M. Al-Soufi. Il y a des malades qui souffrent de cancer, des malades avec des problèmes cardiaques…

Les besoins sont évidemment énormes, mais le plus urgent est de parvenir à un cessez-le-feu. Il faut mettre fin à la violence et ouvrir les passages pour acheminer de l’eau, de la nourriture et des médicaments à la population.

Une citation de Ahmad Al-Soufi, maire de Rafah
Un homme blessé entouré d'autres hommes dans le noir.

Des Palestiniens utilisent la lumière de leurs téléphones portables pour secourir un blessé des décombres d'un bâtiment visé par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Photo : Getty Images / AFP

Selon le maire de Rafah, ce n’est pas avec les bombes qu’Israël réussira à en finir avec le Hamas. C'est clairement une guerre contre le peuple palestinien et non pas contre le Hamas, accuse-t-il.

La communauté internationale ne cesse de répéter qu’Israël a le droit de se défendre, mais les Palestiniens ont eux aussi des droits qui sont reconnus par les Nations unies, dont le droit à l’autodétermination et le droit de résister à l’occupation, ajoute-t-il.

On voit bien qu’il y a deux poids, deux mesures dans le monde, se désole-t-il, accusant les pays occidentaux de se désintéresser du sort des Palestiniens.

De la fumée s'élève au-dessus d'immeubles, à côté d'oiseaux qui survolent la ville.

De la fumée s'élève d'immeubles bombardés à Rafah, le jeudi 9 mai 2024.

Photo : Getty Images / - AFP

Depuis l’attaque du Hamas, qui a fait plus de 1170 morts côté israélien, majoritairement des civils, l’armée de l’État hébreu bombarde sans répit la bande de Gaza, où sont toujours détenus 128 otages israéliens.

L’offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34 844 morts côté palestinien, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Pour Ahmad Al-Soufi, la seule solution pour régler le conflit est de parvenir à un accord. Personnellement, je suis contre la violence, dit-il. Pour moi, toutes les vies humaines se valent.

Nous, les Palestiniens, sommes un peuple pacifique, assure-t-il encore. Nous n’avons qu’un seul souhait : avoir les mêmes droits que les autres peuples à travers le monde.

Une adaptation en arabe (Nouvelle fenêtre) de ce texte est disponible sur le site de RCI (Nouvelle fenêtre).

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