Il y a de ces rencontres qui illuminent une journée. Nous en avons fait une avec un ornithologue à l'optimisme contagieux. La capacité de Jacques Sirois à voir la beauté qui l’entoure est communicative. Se promener avec lui dans le refuge d'oiseaux migrateurs du Havre-de-Victoria, c’est l’occasion d’apprécier cette beauté à chaque détour.
« Ce qui m'anime, c'est de voir de la beauté dans les milieux naturels. À tous les jours, je vois de belles choses. Tous les jours. C'est étonnant! »
Le soleil se lève à peine, en ce matin de décembre, que Jacques Sirois est là avec d'autres ornithologues. On le retrouve à Cattle Point, une pointe rocheuse située à Oak Bay, tout juste à l'est de la ville de Victoria.
Ce lieu offre un panorama unique sur le détroit Juan de Fuca, qui sépare le continent de l'île de Vancouver. Il y a aussi la vue sur le mont Baker, un grand volcan situé dans l'État de Washington voisin, de l'autre côté du détroit.
Les touristes viennent ici particulièrement pour voir cette majestueuse montagne
, dit l’ornithologue, qui ne cesse qui ne cesse de scruter l'horizon avec ses jumelles. Aujourd'hui, le temps est très clair, la visibilité est parfaite.
Jacques Sirois se rend souvent à Cattle Point, surtout parce que c'est un lieu idéal pour observer les oiseaux marins sur la côte. Ici, tous connaissent son affabilité.
On voit un arlequin plongeur
, dit-il aux autres naturalistes sur place. L’arlequin plongeur, il est très commun, mais c'est typique, et surtout il est très coloré, très beau
, s'émerveille celui qui a déjà été guide sur des navires de croisières en Arctique et même en Antarctique.
Jacques Sirois aime rappeler qu'il ne participe pas à ce qu'il appelle la course aux oiseaux
, une référence à ces ornithologues pressés de publier leur liste d'oiseaux observés et photographiés. Il croit plutôt à une observation profonde et surtout contemplative.
Il y a là-bas un guillemot à cou blanc
, s’exclame-t-il. Ses compagnons pointent tout de suite leurs téléobjectifs vers le large. Comme le guillemot à cou blanc se tient loin des côtes, il est difficile de le voir à l'œil nu. Cet oiseau est typique, ici, durant les mois d'hiver
, note Jacques Sirois.
Longtemps, l'homme originaire de la région de Québec, a travaillé comme biologiste pour le Service canadien de la faune, à quelques endroits au pays. Dans la région de Victoria, qu’il a adoptée il y a une quinzaine d’années, il a rapidement découvert un trésor en milieu urbain : le refuge d'oiseaux migrateurs du Havre-de-Victoria. C'est un véritable havre naturel en ville
, dit-il.
Il est aujourd’hui le président de l'association des Amis du refuge et travaille bénévolement à faire connaître ce lieu et à en assurer la pérennité.
Depuis 15 ans, je regarde la région dans tous ses détails, sur les rives et en mer. Je retourne au même endroit, semaine après semaine et sans jamais me lasser de ce que je vois. Il y a toujours une surprise
, affirme-t-il.
« Moi, je suis un optimiste de façon naturelle. Ça fait 60 ans que je m'intéresse à la nature. »